Parmi les distributeurs en circuits courts, les magasins de producteurs ont bien progressé en lisière des agglomérations. Leur modèle économique particulier empêche toutefois un maillage complet du pays.
La photo du maraîcher au-dessus du rayon légumes, l’éleveur laitier qui décrit sa salle de traite et la ligne d’embouteillage, de la viande bio qui a brouté dans le village à côté : les agriculteurs sont parvenus à installer dans le paysage commercial leurs magasins de producteurs. A Tours, quatre boutiques ont poussé en moins de dix ans. La plus importante, La Charette, hébergée par un lycée agricole à Chambray-lès-Tours, a même développé son drive fermier.
Propriétaire des stocks
En Nouvelle-Aquitaine, région qui soutient la constitution d’une filière dite « Magpro » et qui attribue des aides à la création, on recense 62 points de vente tenus par des agriculteurs. Par extension, ils seraient entre 350 et 400 à l’échelle du pays. « Un agriculteur sur cinq a un lien avec la vente directe et les circuits courts. Le phénomène prend de l’ampleur », assure Laurence Rouher, pilote de Magpro, qui organisait une journée nationale récemment à Poitiers.
Réponse du monde agricole à la guerre des prix que leur impose la grande distribution, ces magasins de producteurs ont un fonctionnement particulier. La marchandise reste la propriété des fournisseurs. A eux de gérer les stocks, de fixer les prix, d’anticiper la commission du magasin qui a des charges fixes puisqu’il salarie quelques employés de caisse, des bouchers charcutiers, voire des boulangers-pâtissiers.
Récupérer les invendus
« C’est un modèle indépendant, qui implique beaucoup l’agriculteur puisqu’il n’y a plus d’intermédiaires. Nous devons donc produire, transporter, livrer, assurer la gestion du magasin, parfois récupérer les invendus. Mais tout est transparent et notre rémunération est claire », argumente Jean-Robert Morille, éleveur de canards dans les Deux-Sèvres, associé de 3 magasins Plaisirs fermiers (lire ci-contre) à Niort et Poitiers.
L’industrie agroalimentaire remise en question
Du côté des consommateurs, le succès est au rendez-vous. Même l’institut Nielsen, qui a dressé un bilan encourageant de la grande distribution en 2017 après une année 2016 anxiogène, note la mutation accélérée de la GMS aiguillonnée par ces nouveaux circuits. Ces magasins d’agriculteurs répondent à une aspiration forte, celle de reconstituer le lien du champ à l’assiette, résume en substance Annabelle Richard, consultante du cabinet Utopies, qui mène des études sur les circuits alimentaires de plusieurs grandes villes. Parmi elles, la métropole de Lyon qui envisage de faire entrer ces producteurs en ville. « La municipalité de Paris réfléchit aussi à recréer un tissu commercial dédié aux circuits courts », ajoute-t-elle.
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Source : Les Echos
Journaliste : Stéphane Frachet Béatrice Girard
Copyright Photo : La Ferme des Producteurs Re Unis – Patrick ALLARD/REA