Niché dans un village propret à 40 minutes en voiture au sud de la ville bavaroise de Nuremberg, le « Bratwursthotel » lancé par ce quadragénaire attire des clients de toute l’Europe et de bien plus loin encore depuis qu’il a ouvert ses portes en septembre.
L’établissement propose sept chambres et deux espaces de conférence pour les amoureux de la saucisse et les touristes en quête de couleur locale.
Maintenir en vie la boucherie-charcuterie locale
Derrière l’excentrique idée du charcutier-hôtelier, il y a une tentative pour maintenir en vie la boucherie-charcuterie locale, une institution symbole du «Mittelstand», ce réseau de petites et moyennes entreprises qui ont fait les heures de gloire de l’économie allemande.
Nombre de ces petits magasins provinciaux peinent à survivre face à la concurrence et aux prix imbattables du «hard discount» et de la grande distribution. S’y ajoute une consommation de viande en recul ces dernières années sur fond de scandales alimentaires répétés. La consommation de viande a reculé de 8% depuis 1991.
Résultat :le nombre de «Metzgerei» (charcuteries) a chuté à quelque 12 300 en 2017. Cette année-là, 1 100 ont définitivement tiré le rideau, selon les données des professionnels du secteur.
« Je veux montrer que les magasins des petits artisans comme le mien peuvent survivre quand on a des idées intelligentes », explique Claus Böbel, 48 ans, assis sur un tabouret imitant une boîte de conserve de saucisse hachée.
Avec sa camionnette de livraison du même vert vif que les volets de son hôtel et la façade de sa boucherie, Claus fait aussi le «taxi à saucisse», livrant ses spécialités à travers les rues étroites de la petite cité. Il a également lancé un site de vente sur internet.
Des savons en forme de saucisse
Dans l’étroit lobby de son hôtel, dans lequel il a investi 700 000 euros en travaux de rénovation, le mot «saucisse» dispose de ses lettres de noblesse inscrites en plusieurs langues, de la «kolbasa» russe, à la «soseji» japonaise en passant par la «loukaniko» grecque.
La décoration intérieure soigne les détails: du porte-manteau imitant les couteaux de boucher aux cochons géants sur les portes en verre poli des toilettes, en passant par les savons en forme de… saucisse.
L’hôtelier-charcutier propose aussi aux clients juifs et musulmans qui ne mangent pas de porc des saucisses au boeuf.
« La saucisse, c’est ce qui nous rend le plus célèbre, nous les Allemands, avec la bière », sourit-il. « Si c’est ce que cherchent les touristes, pourquoi ne pas leur donner ? »
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Journaliste : AFP
Source : AFP / La Voix du Nord
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