Rompre la monotonie des salons de coiffure, barbiers et snack-bars. C’est l’objectif affiché par la mairie de Saint-Denis pour son centre-ville. La commune est l’une des premières en France (après Paris et Nice) à se doter d’une foncière dédiée au commerce. Sa création, actée lors du dernier conseil municipal, sera effective le 1er octobre prochain.
La société d’économie mixte (SEM) aura pour mission de soigner un tissu commercial en petite forme. C’est tout le paradoxe du centre-ville de Saint-Denis : le quartier aux 900 boutiques est un grand pôle commercial du nord de l’Ile-de-France. 60 000 personnes se pressent tous les jours dans la rue de la République, et le marché attire chaque semaine 120 000 visiteurs, à peine moins que le centre commercial Qwartz de Villeneuve-la-Garenne (Hauts-de-Seine).
Or au fil des ans, l’offre s’est appauvrie, même si le taux de vacance (6 %) reste faible. Saint-Denis, 110 000 habitants, n’a ni poissonnerie, ni fromagerie. Dans les artères du centre, les boutiques de vêtements sont légion, mais les marques ont fui : Camaïeu a baissé le rideau à l’automne dernier, après Célio, Etam et bien d’autres. « Une dévitalisation qu’on observe ailleurs, liée aux centres commerciaux, à la vente en ligne », glisse-t-on en mairie.
La possibilité d’intervenir sur les loyers
Pour inverser la tendance, la ville mise sur une alliance public-privé : la mairie sera actionnaire de la foncière à hauteur de 65 % (2,35 M€ et 900 000 € de locaux commerciaux), aux côtés de la Banque des territoires (structure de la Caisse des dépôts, qui détiendra 25 % des parts), et de plusieurs opérateurs privés, choisis pour leur « savoir faire ».
Dotée d’un capital de 5 M€, la SEM doit acquérir 83 boutiques d’ici 2028, pour les réhabiliter si besoin et diversifier l’offre. « Quand vous possédez les murs, vous avez la main sur un levier majeur : le loyer », explique la mairie. Pour attirer des enseignes ou de jeunes commerçants, la foncière pourra donc proposer des prix attractifs.
Objectif : acquérir une quarantaine de boutiques la première année
« C’est la même démarche que face à l’habitat insalubre, explique le maire (PCF) Laurent Russier . Lorsqu’une logique de marché ne permet plus d’assurer la diversité, il faut remettre ce marché à l’endroit. » Pas question, précise-t-il, de chasser les commerçants présents ou de « mettre le couteau sous la gorge des propriétaires ».
Les achats se feront « de gré à gré ». Des négociations s’engagent avec les promoteurs livrant des immeubles neufs. Le bailleur Plaine Commune Habitat (PCH) va lui aussi céder les boutiques qu’il possède. La SEM devrait acquérir une quarantaine de boutiques dès la première année. Au bout de six ans, elle pourra revendre ses locaux.
Les rues de la République et Gabriel-Péri, particulièrement ciblées
Deux axes stratégiques sont ciblés : la rue de la République, et la rue Gabriel-Péri entre la porte de Paris et la place du 8-Mai-1945. La municipalité avait déjà préempté quatre cellules commerciales dans le secteur. De premiers projets pourraient aboutir vite : l’ouverture d’une charcuterie-traiteur, d’une poissonnerie, d’une fromagerie, et peut-être d’un caviste…
« Acheter 10 % des lots dans une rue suffit à retrouver une dynamique positive. Cela permet de choisir les enseignes, de trouver des locomotives commerciales », affirme Marianne Louradour, directrice régionale Ile-de-France de la Banque des territoires, qui salue « un bel outil, assez novateur, qui va permettre une vraie stratégie commerciale ».
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Source : Le Parisien
Journaliste : Gwenael Bourdon & Loana Berbedj
Copyright Photo : Loana Berbedj