Notre interview de Vincent Chabault suite à la réédition de son best-seller « Éloge du magasin »

Notre-interview-de-Vincent-Chabault-Eloge-du-magasin

Deux ans après sa sortie, « Éloge du magasin. Contre l’amazonisation » est réédité au format poche dans la Collection Folio avec une postface inédite sur le renouveau du petit commerce (on y parle même de Petitscommerces !). Son auteur, Vincent Chabault, a répondu à nos questions sur l’avenir et l’importance du commerce local.

Avec le recul, le covid-19 a t-il été une bonne chose pour le commerce de détail ?

Vincent Chabault : Le commerce a traversé une forte zone de turbulence. Tout le secteur se souvient notamment de la mise en place du critère – contesté – d’essentialité pour déterminer l’ouverture ou non d’un commerce. Quand on regarde de plus près, il y a trois éléments qui méritent d’être soulignés. Premièrement, les Français ont manifesté à plusieurs reprises leur attachement à la vie sociale du commerce. En cela, la thèse que je défends et que j’illustre dans mon livre à travers cette promenade sociologique est validée. A chaque réouverture, la librairie a par exemple connu un pic de fréquentation.

Deuxièmement, un changement d’ordre psychologique a eu lieu chez les commerçants. Alors qu’il était considéré comme une  menace, le numérique est aujourd’hui vu comme une ressource au service du magasin. La crise a imposé la norme du magasin connecté, quelle que soit sa taille, et il faut souligner les capacités d’adaptation d’un secteur injustement considéré comme archaïque et conservateur. Bien au contraire, les liens numériques marchands se sont déployés entre les professionnels et les clients : click and collect, compte Instagram, référencement sur les moteurs de recherche, etc.

Enfin, dans le secteur alimentaire, la crise a renforcé une tendance déjà présente : la progression de la part de marché des détaillants spécialistes et des artisans face à la grande distribution. Elle atteint aujourd’hui 20 % contre 17 % en 2016. Les résultats des commerces de bouche jusqu’en juin 2022 au moins sont plutôt bons voire très bons. Il faut souhaiter que la crise énergétique ne renverse par la tendance. Par conséquent, la crise sanitaire, imprévisible et handicapante, a stimulé l’innovation, le réajustement, l’intelligence plutôt que la destruction.

 

Vous êtes sociologue, est ce que le statut de « petit commerçant » a évolué ces dernières années ?

Vincent Chabault : Longtemps, ce métier a eu mauvaise presse. Ses représentations soulignaient son attitude conservatrice. Leur image a aujourd’hui évolué. Le besoin de déconnexion et les valeurs de proximité et d’authenticité, moteurs de la consommation, ont contribué à cette évolution. L’observatoire Société et consommation avait fait paraitre il y a quelques années les résultats d’une enquêtes sur l’idéal commercial des Français. Celui-ci correspond au petit commerce de centre-ville et non plus aux grandes surfaces qui n’incarnent plus aujourd’hui la modernité commerciale. J’ajoute une chose : le changement d’image du petit commerçant bénéficie aussi de l’arrivée de travailleurs reconvertis.

Le phénomène est ancien et marginal mais il faut reconnaitre que ce type de trajectoire professionnelle – celle du cadre en quête de sens qui devient épicier bio ou libraire – et son traitement médiatique régulier valorisent le secteur et témoignent de son renouvellement.

Un autre évènement m’a marqué : celui du combat médiatique et politique d’un boulanger de Besançon, Stéphane Ravacley, en faveur de la régularisation de son apprenti étranger et sans papier. Cet épisode a définitivement modifié l’image du petit commerçant : le boulanger humaniste a en quelque sorte remplacé le couple de crémiers, antisémite et malhonnête, dépeint par Jean Dutourd dans Au Bon Beurre.

 

Les pouvoirs publics cherchent de plus en plus à soutenir le commerce local, est-ce une bonne chose ?

Vincent Chabault : Parce qu’elle comporte des externalités positives telles que l’animation, le lien social, la sécurité publique, l’emploi local, les ressources fiscales, l’activité de commerce de détail doit en effet être soutenue par les pouvoirs publics. L’histoire est là aussi ancienne et commence quelques années avant le vote de la loi Royer sur l’urbanisme commercial (NDLR : en 1973) mais, aujourd’hui, on observe deux plans nationaux – Action cœur de ville et Petites villes de demain – qui complètent une action municipale, plus ou moins interventionniste selon les communes, en faveur du commerce de centre-ville. Ces diverses formes de soutien sont positives mais elles ne peuvent suffire et c’est évidemment aux consommateurs d’agir.

Les manifestations de la déprise commerciale dans certaines villes sont aujourd’hui bien connues et visibles. Il est alors aujourd’hui difficile de déplorer la disparition des commerces dans sa ville tout en multipliant les commandes en ligne ! C’est en cela que le commerce est de mon point de vue une affaire publique : l’Etat encadre, régule, les collectivités locales soutiennent, les consommateurs décident… en toute connaissance de cause.

Lire aussi :

À quoi va ressembler le commerce de proximité de demain selon vous ? À quoi faut-il veiller ?

Vincent Chabault : En envisageant la notion de proximité dans son sens à la fois spatial et relationnel, je considère que le commerce de proximité va prendre plusieurs formes. D’une part, la révolution numérique et, en particulier, l’exploitation des données numériques, vont conduire à voir se renforcer les solutions pour assurer à la place du client les courses dites de corvée. Le ravitaillement régulier, quasiment programmable, va être de plus en plus pris en charge par les sites web des grands distributeurs alimentaires associés à des services de livraison ou les drives. D’autre part, les achats plus exceptionnels, à forte dimension gastronomique, identitaire et culturelle se feront toujours en magasin dont la capacité à être le support de petits liens non numérisables et non rationalisables est attestée. La demande de fluidité marchande est couverte par les plateformes, celle d’authenticité, de découverte, d’originalité, d’expertise par le magasin.

Deux types de contrainte doivent toutefois attirer l’attention en ce qui concerne le commerce de centre-ville. D’une part, s’il est le terrain favori pour la déambulation et le shopping – une pratique autant socio-culturelle qu’économique pour toutes les générations – , l’appareil commercial de centre-ville est perçu comme plus coûteux que les centres commerciaux ou les plateformes. La diversité des gammes doit prévaloir au risque de devenir un commerce de classe. D’autre part, les mesures de restriction de la circulation automobile se déploient aujourd’hui dans de nombreuses villes. La crise climatique les rend impératives et non discutables. J’ajoute même que, contrairement aux idées reçues, elles ne pénalisent pas les commerces selon les résultats d’enquêtes sérieuses (voir également le blog de l’ingénieur Mathieu Chassignet). Toutefois, les pouvoirs publics doivent veiller impérativement à améliorer l’offre de transport public vers le centre-ville. Le cas de Paris est de ce point de vue là exemplaire. La proximité résidentielle ne suffit plus à l’heure du e-commerce et l’attractivité d’un magasin repose sur son accessibilité.

Les actions en faveur de la revitalisation du centre-ville doivent donc intégrer des réflexions sur la définition de l’offre – celle-ci doit être ajustée à la demande et non aux attentes, parfois déconnectées, des élus ! – ainsi que sur la mobilité.

 

Vous travaillez dans une association ou une ville impliquée dans la revitalisation de votre centre-ville ou centre-bourg ? Nous vous aidons à soutenir le commerce local en installant la carte cadeau Petitscommerces sur votre territoire.

Devenons partenaires !

Recevez chaque semaine notre newsletter
sur le commerce de proximité

Partagez cet article sur les réseaux

Envie d'en savoir plus sur Petitscommerces ?

⤵️

Commerçants

Gagnez du chiffre d'affaires, de nouveaux clients et une visibilité supplémentaire sur internet.

Collectivités

Nous vous aidons à soutenir le commerce local.

Annonceurs

Vous souhaitez communiquer sur le 1er site dédié au commerce de proximité ?

Ces articles devraient aussi vous intéresser

⤵️

Conditions générales de vente 

 

La société PETITSCOMMERCES, SAS au capital de 10 000 € immatriculée au Registre du Commerce et des Sociétés de Paris sous le N° 832825137 dont le siège est situé au 97 rue des Moines, 75017 Paris, est représentée par son Directeur Général, M. Maxime BEDON.

Article 1 : Objet 

Les présentes CGV concernent l’adhésion et l’abonnement à Petitscommerces (www.petitscommerces.fr).

Article 2 : Contenu et modalités

L’adhésion à Petitscommerces comprend :

  • Le déplacement en boutique
  • Le reportage photo
  • L’interview
  • La rédaction du portrait
  • La publication du portrait sur Petitscommerces
  • Le référencement optimisé du portrait sur Google

L’abonnement à Petitscommerces comprend : 

Offre Essentiel :

  • L’hébergement du portait 
  • La mise à jour du portrait
  • Des outils de statistiques
  • Un outil de Drive-to-store
  • Des tutoriels vidéos 
  • Des webinars
  • Un coach numérique dédié
  • Un groupe d’entraide

Offre Boost+ :

  • L’hébergement du portait 
  • La mise à jour du portrait
  • Des outils de statistiques
  • Un outil de Drive-to-store
  • Des tutoriels vidéos  
  • Des webinars
  • Un coach numérique dédié
  • Un groupe d’entraide
  • Une campagne annuelle de publicité locale sur Facebook
  • Une campagne annuelle de publicité locale sur Instagram
L’ensemble du contenu du portrait (photos, textes) est librement utilisable par le client.

Article 3 : Conditions financières

Le prix des prestations est fixé à :

Adhésion à Petitscommerces : 350 € HT

Abonnement à Petitscommerces (au choix) : 

  • Offre Essentiel : 90 € HT / an (sans engagement)
  • Offre Boost+ : 290 € HT / an (sans engagement)

Article 4 : Entrée en vigueur et durée du contrat

Le contrat entre Petitscommerces et le client prend effet à compter de la validation de l’adhésion sur https://www.petitscommerces.fr/partenaire. Il est renouvelable tous les ans par tacite reconduction. 

Article 5 : Résiliation du contrat

Le client peut mettre fin au présent contrat dix (10) jours ouvrés avant son expiration par lettre ou courriel. 

En cas de résiliation, le portrait du commerce et l’accès à l’espace commerçant sont supprimés de Petitscommerces.

Article 6 : Facturation et paiement 

  • Adhésion :

L’adhésion est facturée le jour de sa validation par le client sur petitscommerces.fr/partenaire. 

Le paiement se fait par prélèvement bancaire le jour de la validation du portrait sur petitscommerces.fr/partenaire.

  • Abonnement :

L’abonnement débute le 1er jour du mois suivant la publication du portrait du commerce. 

L’abonnement est facturé le 1er jour du mois suivant la publication du portrait du commerce. 

Le paiement se fait par prélèvement bancaire à échéance de la facture (30 jours).