On entend souvent que piétonniser un centre-ville serait la fin du commerce. “No parking, no business” ? En 2024, le Cerema, référent public en aménagement a démontré l’inverse : la majorité des commerçants concernés soutiennent ces projets, et beaucoup constatent après coup des bénéfices concrets pour leur activité et pour l’attractivité du centre-ville.
Des commerçants plus ouverts qu’on ne le croit
Le slogan « no parking, no business » a la vie dure. Pourtant, l’étude du Cerema menée en 2023-2024 dans cinq villes françaises (Béziers, Rouen, Lorient, Clermont-Ferrand, Grenoble) raconte une tout autre histoire.
66 % des commerçants directement concernés soutenaient déjà les projets avant travaux. Et une fois les rues réaménagées, 75 % estiment que leur environnement urbain est plus agréable, calme et confortable.
En secteur piéton, l’espace public est jugé moins bruyant, moins encombré, plus accueillant. Et même avec un stationnement à plus de 5 ou 10 minutes à pied, l’accessibilité piétonne reste jugée bonne à très bonne.
L’opposition n’est donc pas la règle : les commerçants savent reconnaître les bénéfices d’un espace public apaisé.
Plus qu’une question de stationnement
Au-delà des clichés, l’étude montre des nuances. Côté livraisons, la satisfaction est souvent plus forte en secteur piéton grâce à des zones dédiées et moins de conflits d’usage. Seule Rouen, en pleine réorganisation logistique, fait exception.
Certains types de commerces restent plus sensibles, comme la santé ou l’équipement de la maison, car ils accueillent des publics moins mobiles ou vendent des produits volumineux.
La perception de la fréquentation est globalement moins négative dans les rues réaménagées que dans celles restées inchangées, même dans un contexte économique tendu.
Enfin, paradoxe intéressant : en secteur piéton, 59 % des commerçants se disent satisfaits du stationnement, grâce aux parkings de proximité et aux parkings relais bien reliés.
Associer les commerçants dès le départ
Le facteur clé de réussite, c’est la concertation. Quand ils sont impliqués, près de 9 commerçants sur 10 se disent satisfaits du processus.
Ils attendent une écoute réelle de leurs besoins, la co-construction des solutions (zones de livraison, jalonnement des parkings) et le relais des managers de centre-ville pour informer, animer et maintenir la dynamique commerciale pendant les travaux.
Conclusion : quand on associe les commerçants, la piétonnisation devient une opportunité, pas une menace.
Commerce en selle : un programme citoyen pour rapprocher vélo et commerces
En parallèle de cette étude, des initiatives fleurissent pour rapprocher vélo et commerce de proximité. C’est le cas de “Commerce en Selle”, un programme national porté par l’association Cycloconsommateur.
Son objectif est simple : inciter les habitants à faire leurs achats à vélo et montrer que c’est bénéfique pour la vitalité des centres-villes.
Concrètement, le programme propose aux collectivités et commerçants des actions “clé en main” : installation de stationnements vélo innovants comme les Békille, organisation de jeux-concours pour récompenser les clients venus à vélo, ou encore campagnes de communication pour valoriser les commerces accessibles en modes actifs.
Un bon exemple de projet positif et fédérateur que les collectivités peuvent facilement dupliquer pour associer commerçants et habitants autour des mobilités douces.
Ce que les collectivités peuvent retenir de cette étude
Pour réussir un projet de piétonnisation ou de réaménagement en faveur des modes actifs, l’étude du Cerema recommande de :
- Associer les commerçants dès la conception, pas seulement les informer
- Prévoir la logistique (livraisons, arrêts minutes, zones de dépose)
- Compter en minutes à pied, pas en places de parking : 10 minutes est un seuil largement accepté
- Communiquer et animer le centre-ville pendant les travaux
- Mobiliser le manager de centre-ville comme trait d’union indispensable
Piétonniser, un pari gagnant pour le commerce
La piétonnisation n’est pas l’ennemi du commerce, c’est même souvent un atout. Les commerçants ne demandent pas à choisir entre clients et apaisement urbain : ils veulent être associés, écoutés et accompagnés.
Vous préparez un projet de réaménagement ? Chez Petitscommerces, nous accompagnons les collectivités à soutenir l’activité locale en relocalisant du chiffre d’affaires sur leur territoire.
