Face au harcèlement de rue, des associations et collectivités territoriales se mobilisent avec la mise en place du dispositif « Ici, Demandez Angela ». Après les villes de Rouen, Bordeaux, Pau ou encore Nîmes, c’est au tour de Lyon de développer son réseau de commerçants partenaires pour lutter contre l’insécurité dans les rues. Une initiative utile qui met en valeur le rôle sociétal des commerçants dans nos villes.
« Ici, Demandez Angela » : des commerces refuges pour protéger contre le harcèlement de rue
Aujourd’hui en France, plus d’1 femme sur 2 dit avoir déjà été victime d’harcèlement de rue. Grâce à un réseau de professionnels volontaires, toute personne victime de harcèlement de rue, violences ou intimidations peut maintenant trouver une aide dans les commerces de proximité en demandant simplement “Où est Angela ?”.
A l’origine de ce mouvement, des étudiants rouennais qui se sont inspirés du modèle anglophone “Ask for Angela”, en place depuis 2017. C’est en 2020 que le dispositif est officiellement repris par le gouvernement français. Le plan Angela – porté par Marlène Schiappa, alors Secrétaire d’État chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes – énonce six plans d’actions dont la création d’un réseau de lieux sûrs pour les victimes, la généralisation des arrêts de bus à la demande ou encore l’engagement des VTC dans la lutte contre le harcèlement etc.
👉 Consulter les six volets du plan Angela.
Le prénom Angela – qui fait référence à angel soit ange – a été volontairement choisi pour représenter un lieu paisible et rassurer les personnes en danger.
En partenariat avec ONU Femmes et HeForShe – association créée par l’actrice Emma Watson invitant les hommes à soutenir les femmes victimes d’injustices – le projet consiste à créer un réseau local de commerces “refuges” pouvant accueillir les personnes harcelées. Ces dernières peuvent se rendre dans un commerce partenaire – localisé par un macaron – et demander « Où est Angela ? ».
Les commerçants – engagés et sensibilisés à la cause – mettent ensuite la victime en sécurité dans un endroit isolé, en appelant un proche, un taxi ou la police, selon la situation.
@brutofficiel Le dispositif « Ici, demandez Angela » est en place depuis plusieurs mois dans différentes villes françaises et continue de s’étendre. #harcelementderue #harcelement
♬ son original – Brut.
Partout en France, les commerces de proximité déploient le sticker « Ici, Demandez Angela »
Comment adhérer au dispositif Angela en tant que commerçant ?
Restaurant, hôtel, bar, pharmacie, boutique de prêt-à-porter ou encore institut de beauté peuvent rejoindre le réseau de commerces “Ici, Demandez Angela”.
Pour cela, il suffit de se rendre sur le site du gouvernement ou se renseigner auprès de la mairie de votre ville. Ensuite, il faudra compléter un simple formulaire.
Tous les commerces partenaires signent une charte d’engagement et sont invités à suivre une formation gratuite pour se préparer à des situations courantes. Car aujourd’hui, le principal problème c’est le manque d’initiative : 86% des personnes ne savent pas comment réagir lorsqu’elles sont témoins de harcèlement.
En parfait adéquation avec les valeurs des petits commerces – l’humain et la proximité – les commerçants sont à mêmes de jouer ce rôle central dans la lutte contre le harcèlement de rue. De nombreux commerces prennent d’ailleurs leur rôle très au sérieux en partageant massivement les supports de communication (stickers, flyers, affiches) sur les réseaux sociaux afin de sensibiliser le plus de personnes possible.
Sur Tiktok, Instagram et Facebook, le hashtag #DemandezAngela se propage pour éveiller les consciences et ainsi montrer aux Français qu’ils ne sont plus seuls face aux harceleurs de rue.
Ces commerçants qui endossent le rôle « d’ange gardien »
A Nîmes, ce sont plus de 150 refuges qui sont répertoriés sur une carte interactive. Retrouvez la liste complète sur le site et l’application de la ville.
Parmi eux, le fleuriste Blom tenu par Coralie ou EVEYEKO, un concept-store de seconde main.
Mis en vigueur en mars 2021, la ville a compté 90 adhésions en seulement 24 heures. La gente féminine étant plus réceptive, comme Elisabeth Laurent – responsable du Dressing de la Nîmoise – qui se sent particulièrement concernée. Elle confie lors d’une interview pour France Bleu qu’ : « en tant que femme, on peut être confrontée à cette situation”. La commerçante a même aménagé un lieu discret pour les victimes dans son magasin.
De la même manière, la ville de Bordeaux développe assurément son réseau de commerces “Angela”. Plus de 160 personnes déjà formées depuis avril 2022.
A Bordeaux, les lieux refuges se repèrent avec ce logo violet, apposé sur les vitrines des commerces :
La municipalité va même plus loin, elle travaille avec le réseau de Transports Bordeaux Métropole pour expérimenter la mise en place de bornes d’appels d’urgence aux stations de tram.
Et depuis cet été, le nom de code « Où est Angela ? » est désormais aussi reconnu à Lyon. Une trentaine de commerces du 7e arrondissement de Lyon ont récemment rejoint le réseau pour la période estivale. Parmi eux, le café-cantine Okara, l’Epicerie équitable, le restaurant biologique Trattino ou encore la cave à bières AFKRAFT, rue de l’Université.
Selon les retours, la mairie envisage un élargissement du dispositif à la rentrée 2022. La police municipale s’associe au dispositif pour assurer une réponse rapide.
👏 Bravo à tous ces commerçants et professionnels volontaires pour leur mobilisation face au harcèlement de rue.
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